De nombreuses options s’offrent aux designers et aux marques qui, pour une raison quelconque, préfèrent ne pas travailler avec du cuir ; les plastiques (PVC et PU) et la toile sont parmi les plus largement utilisés.
Mais il est important d’examiner les avantages et inconvénients des matériaux alternatifs au cuir naturel, surtout sur les impacts environnementaux.
La question est : quel produit utilise le moins de ressources non renouvelables et quel produit est le moins couteux pour l’environnement ?
La Production du cuir véritable
Comme toute industrie, la production du cuir véritable a un impact environnemental lors de sa production.
Mais, contrairement à d’autres industries, la fabrication du cuir véritable est particulièrement encadrée en Europe. Des progrès remarquables ont été constatés dans l’utilisation des énergies renouvelables des tanneries, certains tanneurs s’orientant vers une énergie entièrement renouvelable.
Des progrès ont également été effectués en terme de réduction de consommation d’eau, mais surtout dans le processus de traitement de l’eau, comme nous l’avons fait au sein de la tannerie Radermecker grâce à notre nouvelle station d'épuration, pour le traitement des eaux de rejet, qui présente une filière biologique. En effet, grâce à cette station d'épuration, La Tannerie Radermecker créé des boues dites "biologiques" que nous pouvons revaloriser auprès des fermiers pour l'épandage des champs.
Le programme Global Tannery of the Year et le magazine World Leather ont d’ailleurs mis en lumière l’excellent travail des tanneurs du monde entier en terme de responsabilités sociales des entreprises, et surtout des bonnes pratiques environnementales. Ce programme a démontré un engagement massif en faveur de la réduction de l’utilisation de produits chimiques, de la réduction de l’utilisation d’eau et de la réduction de la consommation d’énergie.
De plus, comme expliqué dans notre article de blog, « Le cuir, un matériau durable et écologique », le cuir est un sous-produit de notre chaîne alimentaire. Ainsi, tant que nous consommons de la viande, la fabrication du cuir restera un moyen de recycler des restes alimentaires, qui serait autrement gaspillés ou brûlés.
Les matériaux alternatifs au cuir sont-ils meilleurs pour l’environnement ?
Le plastique est un substitut courant du cuir
On pense souvent que tout ce qui n’est pas d’origine animale est forcément végétal. Eh bien, détrompez vous : beaucoup d’alternatives au cuir, bien connues, sont issues de matières plastiques. Les plastiques les plus courants sont le chlorure de polyvinyle (PVC) et le polyuréthane (PU). La production de matériaux alternatifs au cuir nécessite de nombreux produits chimiques et de grandes quantités d’eau. De plus, le plastique reste un matériau nécessitant des combustibles fossiles pour sa fabrication et des produits chimiques pour son traitement. Le processus libère des gaz à effets de serre supplémentaires dans l’air et pollue la nature et les cours d’eau.
Le center of Environmental Health est une organisation américaine à but non lucratif qui œuvre pour protéger les enfants et les familles contre les produits chimiques nocifs présents dans l'air, les aliments, l'eau et les produits de tous les jours. Elle a effectué une comparaison entre le cuir et le PVC en se concentrant sur des sacs à main, produits avec des matériaux alternatifs au cuir. L’étude a révélé que de nombreux sacs contenaient des niveaux élevés de plomb, une toxine connue et liée à de nombreuses maladies telles que le cancer. Le niveau de plomb dans certains sacs en PVC étaient 100 fois plus élevés que le niveau de plomb règlementé pour les jouets pour enfant. En plus du plomb, Le center of Environmental Health a également relevé des ingrédients perturbateurs du PVC tels que le chlore ou encore le pétrole.
Le cuir végan est-il vraiment éco-responsable ?
Evidemment, le cuir végan est un sujet un peu compliqué, car il existe de nombreuses idées fausses sur la différence entre le cuir d’origine éthique et le cuir écologique. L’une des alternatives du cuir véritable est le cuir dit « végan ». Le cuir végan désigne des alternatives au cuir qui ne sont ni issues d’animaux et qui ne contiennent aucun produit testé sur eux. Le problème avec le terme du cuir végan c’est qu’il est utilisé à tort et à travers par l’industrie de la mode pour se positionner sur des valeurs écologiques. Mais ce terme ne veut pas du tout dire neutre en carbone. Une grande partie du cuir végan est fabriqué à partir des deux polymères plastiques cités ci-dessus : Le PVC et le PU. L’utilisation de ces matériaux n’est bien entendu ni durable ni biodégradable, ce qui signifie que le cuir végan ne sert en réalité qu’à faire du « greenwashing », car il donne l’illusion aux consommateurs d’être soucieux de l’environnement. De nombreuses marques de « fast fashion » utilisent du cuir végan parce qu’il est plus facile et moins cher à obtenir. Mais la plupart des produits issus de cuir végan sont surtout non durables. Leur courte durée de vie entraîne une surconsommation de produits qui finiront dans des décharges pendant des siècles.
La finalité des produits réalisés avec des matériaux alternatifs au cuir
Pour évaluer l’impact environnemental d’un produit, il ne suffit pas de prendre en compte les éléments pour sa mise en production, mais également la finalité du produit, sa durée de vie et sa possibilité de recyclage. Les matières plastiques constituent une menace avant et après leur durée de vie en raison des années de dégradation nécessaires, et qui libèrent une énorme quantité de produits chimiques toxiques dans l’environnement. Contrairement au cuir véritable, le plastique ne se décompose pas dans la nature, et est difficile à recycler. Il est donc tout sauf écologique. Lorsque le plastique se retrouve dans une décharge, des microplastiques sont libérés, se retrouvant dans les nappes phréatiques. Le cuir végan est donc normalement censé être respectueux des animaux, mais sa finalité sera toutefois qu’il détruit l’écosystème, dont les animaux. Le PVC n’est généralement pas recyclable, il est considéré comme étant le « cauchemar des déchets ». Comme indiqué ci-dessus, soit il se retrouve en décharge, soit on essaie en vain de le recycler, ce qui finit par ruiner le recyclage d’autres plastiques.